GOGOIS, c'est une touche grasse, une substance savoureuse, une palette chaude, riche en sonorités délicates, avec les emportements, les retenues, les accentuaitons d'un tempérament d'une vigueur distinguée ; c'est la peinture d'un homme pour qui tout est peinture, dont la peinture est le langage spontané, et qui, ayant à peine atteint la trentaine, montre des dons d'une éclatante évidence.

Selon les toiles en travail, suivant l'humeur de la journée - et plus aisément du monde - Pierre Gogois passe du non imitatif au figuratif sans rien perdre de ses exceptionnelles qualités.

Retenez ce nom : Gogois. Ce sera - c'est déjà pour moi - celui d'un grand peintre.

Pierre Gogois a choisi l'une des plus hautes voies des arts plastiques : le portrait. C'est en représentant des visages que les peintres et dessinateurs ont, recherchant tout bonnement la ressemblance, se soumettant à leur, livré le plus d'eux-même.

Après avoir été tenté par le non-figuratif, Pierre Gogois a fait dem-tour pour pratiquer un genre qui repose sur la fidélité au regard que l'on porte sur l'objet vivant qui regarde le peintre le regarder. De cet échange naît une œuvre d'art où l'artiste crée en imitant.

Dancs cette belle exposition nous reconnaîtrons des traits qui nous sont familiers en même temps que nous savourerons le talent et l'intuition qui les ont interprétés en se les appropriant.

Pierre GOGOIS, portraitiste et paysagiste de renom, a cette particularité de peindre en extérieur, la nuit...

Vous le rencontrerez peut-être à l'occasion d'une pronemade tardive, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, sur l'un des nombreux ponts de Paris.

Sous un réverbère, stoïque et emmitouflé, Pierre peint. Il transpose sur sa toile les lumières et les reflets de la capitale endormie. Veillant sur noter repos, elles ne s'éteindront qu'au petit matin, pour laisser a plce à l'aube d'un jour nouveau, fixées cependant à jamais par l'Artiste et ce pour notre plus grand plaisir.

Pierre GOGOIS possède une qualité parfois embarassante : il a l'œil indiscret. Pour un peintre, c'est un don du ciel. Pour ceux dont il fait le portrait, c'est un risque à ne pas négliger. Lorsqu'on connaitassez bien plusieurs de ses "Figures de Saint-Germain-des-Prés", on constate qu'il saisit leur vérité de façon élégamment impudique. Celui-ci a presque l'air d'être son propre spectre, celui-là s'enchante de ses succès, cet autre semble prêt à s'en justifier.

La Cordialité de GOGOIS est généreuse : elle n'est pas toujours indulgnte. Beaucoup se tirent à leur avantage de cet examen de conscience par portraits interposés, les femmes notemment. N'y aurait-il pas là quelques parti-pris ? Dans l'ensemble, le trait n'est pas méchant. C'est parfois pire, il vise juste.

Le quartier retrouve là beaucoup de visages familiers. Leur rapprochement ressemble presque à une proclamation. Confronter, par exemple, les portraits des habitants du 1er arrondissement (exposés par GOGOIS en mars 19889) à ces "Figures de Saint-Germain-des-Prés" dit déjà tout sur les micro-climats antinomiques de ces quartiers aux racines spécifiques. La Rive Gauche réussit en tout cas à GOGOIS aussi bien que la Rive Droite : preuve que les lois de la peinture ne correspondent pas toujours aux règles politiques.